Montségur

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Montségur

Jeanne Las Vergnas





L'arche qui nous portait
au gré des flots      courroucés
se trouva       tout à coup immobilisée
Partout escarpements de rochers      abrupts
Il régnait un brouillard épais
et un silence lumineux
Seule la pierre noire et lisse
nous offrait sa présence nue
Nous n'osions pas bouger
Aux bords de quels abîmes notre vaisseau
s'était-il arrimé ?
La nuit nous parut longue
très longue       Le jour vint indistinct
pâle chemin qui glisse puis
monte jusque vers le      soleil
Ce que nos yeux virent alors
aviva en nous cette terreur sacrée
dont nous étions depuis le début
submergés       Partout pentes crêtes
inviolées nuages vents et aigles
tourbillonnants      puis prairies lointaines
et verdoyantes en cascade de douces
collines       Les temps étaient mûrs
il fallait reprendre possession de la terre
Nous ouvrîmes la porte      mur soudain brisé
chancelants dans l'éblouissement du soleil
La descente allait être difficile
et très périlleuse mais       il était plus que temps
de reprendre possession de la terre




A travers la rumeur troublée (1992)